Bataille législative pour le climat : premier retour du Conseil des Etats
Poussée par les manifestations et par la nouvelle ministre de l’environnement, la Commission de l’environnement du Conseil des Etats a dévoilé ce vendredi 16 août sa vision de la loi CO2…
Du bon d’abord : le texte est bien meilleur que celui proposé par la majorité UDC-PLR du Conseil national en décembre 2018. Nous saluons notamment l’ajout d’une taxe sur le billet d’avion pouvant aller de 30 à 120 francs. Ainsi que la création d’un fonds pour le climat qui permettra d’assainir les bâtiments au-delà de 2025, les mesures pour l’électromobilité, les normes d’émissions pour les poids lourds ou la demande faite à la FINMA (autorité fédérale de surveillance des marchés financiers) et la BNS de mesurer les risques financiers liés au climat.
Mais il reste encore un chemin colossal à faire, 30% de diminution des émissions en Suisse d’ici 2030 est un objectif totalement insuffisant. Selon le Masterplan Climat de l’Alliance climatique suisse, nous pouvons aisément atteindre 60% de diminutions d’émissions d’ici 2030. C’est un minimum absolu, à l’heure où les jeunes descendent dans la rue pour demander 100% de réduction d’ici 2030, et où l’ONU convoque les signataires de l’Accord de Paris ce 23 septembre pour leur demander d’augmenter leurs engagements de réduction.
Pour atteindre cet objectif, nous devrons consentir à des efforts plus grands dans le domaine de la mobilité, et notamment accepter une augmentation de l’essence supérieure aux 12 centimes par litre proposée par la commission des Etats (contre 8 centimes proposés au Conseil national).
La Commission l’a bien compris, puisque elle dépose un postulat demandant une taxe incitative sur l’essence et le diesel, qui doit tenir compte de la situation particulière des régions rurales. Mais le temps presse : selon le GIEC, il nous reste 11 ans pour réduire les émissions de 50% au niveau mondial, si nous voulons éviter une catastrophe climatique.
Un changement de paradigme est nécessaire. A quand une remise en question de la répartition du fonds FORTA, pour augmenter les investissements dans les transports publics et arrêter les extensions de routes climaticides ? Ou une interdiction de la vente des véhicules à essence, diesel ou gaz comme le prévoit la Norvège en 2025, ou le Danemark en 2030 ?
La nouvelle version de la loi CO2 du Conseil des Etats est certes un progrès, mais il n’est pas encore à la hauteur du défi climatique. Nous devons à notre jeunesse de faire plus !
Affaire à suivre… une fois que la Commission aura rendu son rapport, la loi sera débattue au Conseil des Etats, probablement en septembre 2019, puis retournera au Conseil national.